Bétonnons, mais ne plantons plus...
Telle était la pensée des urbanistes dans les années 1960, concernant l'avenir de la route de Lyons-la-Forêt.
En 1957, les terrains où se trouvent actuellement Castorama et la blanchisserie hospitalière appartenaient à Mme veuve Eliot-Pinchon, qui y maintenaient des cultures maraîchères. La Ville de Rouen, suite à une déclaration d'utilité publique du Préfet de la Seine-Maritime et par actes des 17 et 18 octobre 1957, achète les presque sept ha, dans le but d'avoir une réserve foncière pour construire 400 logements, en immeubles collectifs, avec un centre commercial.. Le terrain devait être remis ensuite à l'Office public d'HLM en 1959. Mais il y avait également un projet de création en ce lieu d'une voie rapide, avec un élargissement notable de la route de Lyons-la-Forêt. Le projet est donc abandonné. Mais le pire allait venir...
Une desserte devait relier la future voie rapide route de Lyons-la-Forêt à la Grand-Mare. Par arrêté ministériel du 15 avril 1960, l'extension du périmètre de la ZUP de la Grand Mare est étendue à la vallée des deux rivières. Par la suite, Grieu ne sera pas concerné par cette extension. Le secteur de la route de Lyons-la-Forêt, coupé de la Grand Mare, ne sera donc pas traité en ZUP mais en ZAC et l'arrêté ministériel est abrogé. Mais en même temps, un grand projet urbanistique voit le jour sur la zone des deux rivières et de la rue de la Petite-Chartreuse jusqu'aux limites de Darnétal. L'ensemble devait comprendre dix-huit grands immeubles (dont quatre au sud de la route de Lyons-la-Forêt), treize autres petits immeubles, une école (avec salle de sport et gymnase), deux maternelles, un centre commercial, une église (à la place des immeubles de la rue St Gilles). Le moulin Saint-Gilles : rasé, les maraîchages : disparus. Le projet n'a pas été exécuté, ouf...
Au 23 de la route de Lyons-la-Forêt était un ancien manoir, loti en appartements et dont le propriétaire était Mme Pélissier-Hautpois. II y avait en plus un petit pavillon, le tout sur un terrain de presque dix ha, avec une source alimentant un bassin. La ville de Rouen achète le tout 270.000 frs, pour le compte de l'Office public d'HLM, suite à une décision municipale du 5 décembre 1966. A cet emplacement, naîtront les deux immeubles dits de "La Châsse".
Ensuite, le long de la route de Lyons-la-Forêt, notamment au sud, plusieurs nouvelles entreprises s'installeront : Blanchisserie inter-hospitalière en 1969, Castorama, etc...
Après, le TGV faillit arriver dans le secteur. Une partie des maraîchages ont été ensevelis par la craie tirée du tunnel de la Grand Mare, lors de la construction de la rocade nord-est, mise en service en décembre 1992. Dessus a été créé le parc d'activités Saint-Gilles. Plus au sud, la zone naturelle de Repainville est appelée à être un élément important du patrimoine environnemental de Rouen et l'Aubette va redevenir une belle jeune fille, prête à vous charmer de sa grâce ondoyante. Ainsi, va l'évolution d'une ville, de son paysage, de l'histoire de son urbanisme et de ses habitants.
© Copyright Dominique SAMSON - Janvier 2004